Salaires en région : combien gagne-t-on ?

Par de nombreux aspects, Paris concentre les emplois les mieux rémunérés en France (même si une baisse de salaire n’est pas une fatalité lorsqu’on quitte Paris). Quitter la capitale pour s’installer en région s’accompagne souvent d’une baisse de salaire redoutée par les Parisiens en quête d’une nouvelle vie. Mais quel écart de rémunération faut-il réellement anticiper en région par rapport à Paris ? Cette question mérite un tour d’horizon chiffré et nuancé.

Pour vous aider dans l’avancement et la construction de votre projet de départ de Paris, nous vous proposons de se concentrer ici sur la baisse de salaire potentielle que vous pouvez envisager.  Que ce soit en freelance, dans le cadre d’une reconversion ou d’un changement de poste, le sujet de l’argent et/ou du salaire reste important. La baisse de salaire est d’ailleurs dans le Top 3 des peurs lorsque l’on envisage de quitter Paris (Source : étude PartirDeParis.fr).

Nous vous proposons de regarder les chiffres des salaires par région, par départements ou encore par villes. Une manière d’appréhender les diminutions potentielles de salaires pour partir travailler en région. Ces chiffres sont des indicateurs globaux, qui vous donnent des tendances mais qui ne tiennent pas compte de votre situation personnelle et de votre contexte. À manière avec précautions, pour obtenir une vision générale.

Panorama général du marché du travail Paris vs régions

Dans l’ensemble, les salaires en région restent en moyenne inférieurs à ceux de l’Île-de-France. Plusieurs raisons expliquent cet écart global : la concentration de postes à haute responsabilité et de sièges sociaux à Paris, une densité d’entreprises plus faible en province, ou encore des niveaux de vie adaptés au coût local. Nous dresserons un état des lieux général du marché de l’emploi en région, en soulignant les tendances moyennes de rémunération (écart moyen autour de -20% en province par rapport à Paris). Nous verrons que cet écart général masque des disparités entre grandes métropoles régionales dynamiques et zones moins peuplées.

Cadres : des salaires plus élevés à Paris, mais des écarts qui se réduisent

Les cadres et managers touchent historiquement des salaires supérieurs en région parisienne d’environ 10% par rapport aux mêmes postes en province. Nous analyserons dans quelle mesure ces écarts persistent aujourd’hui : par exemple, les différences tendent à se resserrer dans le sud de la France (5 à 10% de moins qu’à Paris) et restent un peu plus marquées dans le nord (jusqu’à 15% de moins). Nous évoquerons les facteurs récents, comme le télétravail et la pénurie de talents, qui poussent les entreprises à rehausser les salaires en région. Des études montrent en effet que les grandes métropoles régionales augmentent fortement les rémunérations des cadres afin d’attirer des profils parisiens – lesquels acceptent rarement plus de 10% de baisse de salaire. Enfin, nous verrons que certaines stratégies permettent de maintenir un salaire parisien tout en vivant en province (mutation interne, travail à distance pour une entreprise parisienne, etc.), même si ce n’est pas la norme.

Non-cadres : des écarts variables selon les métiers et les régions

Qu’en est-il des professions intermédiaires, employés et ouvriers ? Le différentiel de salaire Paris/régions est souvent plus modéré pour les non-cadres. Dans de nombreux cas, les rémunérations hors Paris s’alignent davantage sur des grilles nationales (SMIC, conventions collectives), limitant l’écart. Nous examinerons comment, dans les grandes villes de région, les salaires des employés peuvent presque rivaliser avec la capitale. Par exemple, à Lyon, le salaire moyen des cadres est un peu inférieur à la moyenne nationale (≈200 € de moins), alors que les non-cadres lyonnais gagnent légèrement plus que la moyenne nationale de leur catégorie. De plus, certains secteurs en région offrent des salaires attractifs proches de Paris, pensons à l’aéronautique à Toulouse ou à l’informatique, où l’écart peut varier entre seulement 5% et 25% selon les régions. Nous illustrerons aussi par des témoignages que tous les parcours sont possibles : tel employé ayant retrouvé un poste en Normandie sans perte de salaire, ou tel autre ayant accepté une baisse plus importante en échange d’un changement de vie.

Comparatif des salaires par région, Paris vs. Régions

Les données récentes confirment que l’Île-de-France (Paris) demeure la région aux salaires les plus élevés, tant pour les cadres que pour les non-cadres. Le tableau ci-dessous compare le salaire mensuel brut moyen par région (en euros), pour les cadres et les non-cadres, et l’écart (%) par rapport à Paris (Île-de-France). 

Les valeurs brutes mensuelles ci-dessus sont estimées à partir des salaires nets Insee. Par exemple, en Île-de-France un cadre gagne en moyenne ~5 205 € nets (EQTP) par mois, soit environ 7 000 € brut, ce qui dépasse de ~28% la moyenne nationale. À l’inverse, dans des régions comme la Bretagne ou les Pays de la Loire, le salaire moyen est ~20% inférieur à celui de l’IDF. De même, un non-cadre en région parisienne gagne autour de 2 500 € nets (~3 400 € brut), contre ~2 200 € nets en moyenne en province. Ces écarts reflètent la concentration francilienne d’emplois qualifiés et mieux rémunérés (cadres, secteurs finance/tech, etc.), ainsi que le coût de la vie plus élevé à Paris.

Comparatif des salaires par ville, Paris vs. grandes villes de province

Les grandes métropoles de province offrent des salaires plus élevés que le reste de la province, mais restent nettement en-dessous de Paris. Le tableau suivant compare les salaires mensuels bruts moyens des cadres et non-cadres pour Paris (ville) et les 10 plus grandes villes de province, avec l’écart (%) par rapport à Paris :

À Paris intra-muros, un cadre gagne en moyenne ~6 000 € nets par mois(≈8 k€ brut), alors qu’à Lyon un cadre est à ~4 300 € nets (~5,7 k€ brut), environ 30% de moins qu’à Paris. De même, le salaire moyen tous postes confondus y est de ~2 850 € nets, contre ~4 176 € à Paris. D’autres métropoles comme Bordeaux (~4 170 € nets pour un cadre) ou Nice (~4 400 € nets) affichent des écarts comparables, de l’ordre de -25% à -30% pour les cadres. Les non-cadres (employés, professions intermédiaires…) subissent des écarts moindres, de l’ordre de -10% à -20% selon la ville, certaines métropoles maintenant des niveaux de salaire relativement élevés pour ces catégories. Par exemple, le salaire non-cadre moyen à Lyon ou Bordeaux avoisine 2 300-2 400 € nets, un peu supérieur à la moyenne nationale grâce au dynamisme économique local.

Comparatif des salaires par métier (Paris/Île-de-France vs régions)

On observe que les écarts varient fortement selon les métiers. Les plus fortes différences Paris/régions concernent les postes de cadres du privé et certaines professions très demandées en Île-de-France. Par exemple, un développeur informatique cadre gagne en moyenne près de 4 540 € brut mensuel à Paris contre 3 660 € en régions, soit un salaire régional environ 19 % inférieur. De même, les infirmiers gagnent environ 20 à 25 % de moins en province qu’en Île-de-France, un écart notable, possiblement lié aux primes et à la difficulté de recrutement en IDF. Les comptables et chargés de communication affichent des écarts intermédiaires, de l’ordre de 10-15 % en faveur de Paris.

En revanche, certains métiers présentent des salaires presque alignés entre Paris et la province. C’est le cas des techniciens de maintenance industrielle, dont le salaire moyen avoisine 2 600 € brut mensuel aussi bien en Île-de-France qu’en régions (écart quasi nul). Les enseignants certifiés de l’Éducation nationale ont également des rémunérations très proches sur tout le territoire (seule l’indemnité de résidence de 3 % en zone Paris/Ile-de-France crée un léger différentiel). Enfin, les commerciaux B2B (cadres) ne gagnent qu’environ 4 % de plus en région parisienne par rapport aux autres régions, surtout parce que leur rémunération inclut une part variable importante commune partout.

En synthèse, les écarts les plus marqués se retrouvent pour les postes qualifiés du privé et les métiers en tension concentrés en IDF (informatique, santé, finance…), où les employeurs parisiens offrent des salaires plus élevés pour attirer les talents. À l’inverse, dans les métiers à grille nationale (fonction publique) ou ceux implantés partout en France (industrie, maintenance), les salaires régionaux se rapprochent de ceux de Paris, réduisant voire annulant l’écart de rémunération.

Faut-il s’attendre à gagner nettement moins en province ? Dans la plupart des cas, un départ de Paris s’accompagne effectivement d’une diminution de salaire qu’il convient d’anticiper (souvent de l’ordre de 10 à 20% selon profil et destination). Néanmoins, cet écart salarial moyen doit être relativisé : il dépend de la région visée, du niveau de responsabilité et du secteur d’activité. Les grandes métropoles régionales dynamiques offrent des opportunités de carrière avec des salaires plus proches de ceux de la capitale, tandis que les secteurs en tension et le télétravail contribuent à réduire progressivement l’écart. Au-delà des chiffres, quitter Paris pour la région signifie souvent gagner en qualité de vie : un paramètre immatériel qui, pour beaucoup d’ex-Parisiens, compense largement quelques euros en moins sur la fiche de paie.

Crédit photo : Pilat666 – Envato