Claranet : Déménager son siège social de Paris à Rennes

Dans cet épisode, Olivier Beaudet, Directeur Général France de Claranet, est l’invité du podcast Extra Muros. Il raconte la décision de déménager le siège social de l’entreprise Claranet de Paris à Rennes et ce que cela symbolise pour l’implantation locale.

En partenariat avec Extra-Muros, le podcast qui met en lumière les histoires de dirigeants qui ont choisi de développer leur business en dehors de Paris. Ce podcast est produit par Newton Offices. Voir d’autres épisodes

Extrait de cet épisode :

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GP : Et tout ça se fait depuis Rennes.

OB : Alors oui, effectivement, notre centre de gravité est à Rennes.

GP : Tu peux nous raconter l’histoire ? Comment vous retrouvez là-bas ?

OB : En fait, c’est aussi l’histoire de Claranet, c’est à dire que Claranet en France est construite, dans les autres pays aussi d’ailleurs, mais en France particulièrement. Aujourd’hui, on est 1000 personnes en France, donc c’est ni grand ni petit, mais en tout cas par rapport à d’où on vient, c’est pas mal. Ça fait quand même du monde et on a une présence géographique qui est sur trois grands campus Rennes, Lille. Ça, c’est nos deux gros campus principaux. Et puis on a évidemment une présence importante à Paris pour avoir une connexion avec les centres de décision de nos clients au plus près de nos clients. Mais le poumon opérationnel de nos activités, c’est à Rennes et à Lille. Et c’est le reflet aussi de la façon dont Claranet a grandi au fil du temps. C’est à dire qu’on a fait de la croissance organique mais aussi des acquisitions. On a racheté des sociétés. Moi même, j’ai rejoint Claranet en 2005 en revendant ma société que j’avais créée à Rennes. On a fait neuf acquisitions en tout depuis donc de petites, moyennes, plus grandes entreprises. Donc c’est aujourd’hui une sorte de fédération d’entrepreneurs. Et puis aussi l’esprit d’entreprise et l’histoire des entreprises qui ont vu et qui sont nés à droite et à gauche. Donc on a effectivement cet ADN rennais. Depuis 2005, on a continué de grandir autour de nos équipes de l’époque. On était une petite quarantaine à l’époque. On est aujourd’hui à peu près 300 à Rennes, On est 350 personnes à Lille. C’est le fruit de plusieurs acquisitions et aussi du développement organique qu’on a trouvé sur ce bassin. Les bassins de Rennes et Lille, c’est comparable au sens où ce sont des villes très dynamiques, qui ont un très bon bassin d’écoles d’ingénieurs, d’universités. Et donc on a réussi à tisser sur place suffisamment de relations avec les écoles, avec l’écosystème, etc… pour justement créer effectivement les conditions d’une croissance organique importante sur ses sites de Rennes et de Lille. Et puis l’histoire du jusqu’auboutisme, c’est qu’en fait, comme toutes les entreprises, on avait par défaut mis notre siège social à Paris parce qu’on pensait que c’est comme ça qu’il faut faire et que tout le monde faisait, etc… Mais à Paris, en fait, il se trouve que dans la pratique, on déménage tous les deux ans parce que c’est trop petit et trop grand et pas assez de salles de réunion. C’est notre variable d’ajustement alors qu’on a notre stabilité et notre équipe la plus stable. Elle a effectivement son site de Rennes et donc la décision a été prise il y a quelque temps. En 2019 exactement, on a déménagé. C’est symbolique et c’est administratif aussi. Mais c’est symbolique quand même. Déménager notre siège social à Rennes, puisqu’on est là de façon stable. On a construit un deuxième bâtiment sur notre campus rennais pour faire 23000 mètres carrés. On a un grand campus sur le site rennais, donc c’est devenu officiellement notre siège social. Ce qui permet aussi nous donner une visibilité locale plus importante. Et puis de nous ancrer d’un point de vue ADN culture, comme une entreprise qui est peut être un peu différente, donc au sens où on est fier et de cet ancrage finalement provincial, on a le même ancrage à Lille. Cette équipe qui est vraiment locale et qui se développe localement et qui se connecte à l’écosystème local.

GP : Ça vous aider à recruter ?

OB : je pense que ça nous aide à recruter. Effectivement, nous, on a plus d’un tiers de recrutements qui se font par cooptation, c’est à dire que c’est des collaborateurs Claranet qui nous recommandent quelqu’un de leur environnement. Donc ça c’est doublement intéressant. C’est intéressant dans un premier temps de voir que nos collaborateurs sont suffisamment fiers et heureux de leur environnement de travail pour les recommander à leur environnement. Et puis le deuxième signe, c’est que c’est un tiers de nos recrutements qui nous arrivent déjà avec un niveau de réassurance intéressant. C’est à dire que va être validé et coopté par quelqu’un qui est chez nous, donc qui connaît la culture, qui connaît nos modes de fonctionnement, etc… Donc ce principe de cooptation, il y prend encore plus d’échos sur des bassins d’emploi type Rennes, type Lille, parce qu’on va avoir à faire à des populations qui, la plupart du temps, sont très attachées à leur vie en région. Et l’immense majorité des gens qui travaillent sur le site de Rennes ou sur le site de Lille ont construit leur vie et se projettent dans une vie justement sur le bassin rennais ou sur le bassin lillois, et n’ont pas forcément envie qu’on leur propose de faire quelque chose en région parisienne.

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GP : Pour revenir un peu sur Claranet, vous êtes où? Vous êtes sur plusieurs sites, vous êtes 1000 salariés. Je voudrais que tu nous explique un peu comment vous faites pour intégrer les gens et créer cette culture d’entreprise sur un sur plusieurs sites avec en plus comme tu dis des intégrations de nouvelles sociétés avec des nouvelles cultures?

OB : Oui, alors là, l’entretien et l’animation de la culture d’entreprise, c’est un sujet essentiel et c’est aussi un sujet pas facile. On avait avant, en 2020, une complexité de multi-sites. On est à Rennes, à Lille ou Paris, un peu à Bordeaux, à Caen, à Nantes, etc… Et maintenant, depuis 2020, on a là aussi la complexité complémentaire du télétravail. C’est à dire qu’on est on est complètement live and working aujourd’hui, c’est à dire qu’on a certaines personnes qui sont là tous les jours, d’autres qui viennent jamais ou pas, ou à peu près et n’importe quoi entre les deux. Donc effectivement, on a laissé une grande liberté aux gens de s’organiser en fonction de leurs contraintes personnelles. Donc on voit les comportements d’ailleurs qui diffèrent en région ou à Paris, en fonction de la situation personnelle de chacun et des appétits que chacun a à venir au bureau ou pas. Donc on a des points de passage un petit peu obligés de temps en temps au bureau, mais c’est quand même une grande liberté qui est donnée à chacun.

GP : C’est quoi la différence entre l’usage? Et tu vois une différence entre Paris?

OB : En tout cas les motivations à l’utilisation de ce live and working sont différentes, C’est à dire qu’on va avoir des comportements typiques à Paris, qui sont des gens qui peuvent pas travailler chez eux parce que trop petits, parce que la coloc, etc… Donc ils viennent au bureau où ils viennent. Ils veulent pouvoir venir au bureau, y sont bien et viennent tous les jours. D’autres, au contraire, sont allés s’installer dans une petite maison où ils ont un petit confort. Mais cette maison, elle est plutôt à 1 h, 1 h 15 de transports. Donc là, eux se disent non, Moi, je vais venir que quand j’aurai vraiment besoin de venir parce que ça me sauve 2 h et demie de ma journée. Et puis je travaille de façon confortable à la maison. Et puis ça me fait ça. J’ai un équilibre de vie qui est bien meilleur comme ça. Et donc voilà. Donc on voit bien que ça répond aussi à des problématiques complètement individuelles. En province, on a plutôt d’autres, d’autres traits de comportement. C’est à dire que, en règle générale, les gens ont plutôt envie de venir au bureau de temps en temps pour retrouver la vie de bureau, les collègues, la machine à café déjeuner le 12 h, mais ils veulent éviter les bouchons de 8 h le matin. Donc on prend les deux premiers ou deux ou trois premiers rendez vous le matin. On les prend plutôt en itinérance ou en zoom. Et puis à 10 h, on arrive au bureau, on évite les bouchons, on repart un peu avant ou un peu après les bouchons du soir, donc ça permet d’adapter sa journée en fonction des contraintes. Donc on voit ses comportements qui sont un petit peu différent entre là, entre la Province et Paris.

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Publié le 26 Juin, 2023