Il a troqué les open-spaces de Google pour les plages de Biarritz, les dîners parisiens pour les couchers de soleil face à l’océan, et le rythme effréné parisien pour un quotidien apaisé. Entrepreneur engagé, ghostwriter et jeune papa, il raconte comment il a construit une vie qui lui ressemble, entre surf, rando et projets qui font sens.
Aujourd’hui, Pierre Guilbaud revient sur les raisons qui l’ont poussé à partir, les défis de son installation, et partage ses conseils.
Bonjour Pierre, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Pierre Guilbaud, je vais avoir 33 ans en décembre. J’ai plusieurs casquettes. Je suis co-fondateur de la communauté Marketing Flow, une communauté qui rassemble des entrepreneurs engagés, des marketeurs engagés et dont l’objectif est de les aider à faire de leurs offres positives et leurs solutions positives, la norme. Je fais ça 2-3 jours par semaine. Ensuite, j’ai une activité de ghostwriting en freelance, où j’accompagne des fondateurs d’entreprise à impact positif à prendre la parole sur LinkedIn pour faire porter leurs messages, augmenter leurs notoriétés, leurs visibilités et du coup le chiffre d’affaires de leur boîte. Enfin, j’ai aussi un podcast, une newsletter et une présence sur LinkedIn que je monétise de temps en temps. À titre perso, j’habite à Biarritz, je suis papa d’une petite fille qui a un an et c’est un grand kiff.
Quel était votre quotidien, votre rythme à Paris avant de partir ?
Je suis arrivé à Paris en septembre 2018. Je travaillais chez Google dans l’équipe marketing. Mon rôle était de lancer un service en France. C’était une mission très stimulante avec un gros challenge.
J’étais très bien payé avec des super conditions de travail, des beaux bureaux, des collègues qui étaient brillants, qui étaient bienveillants, une salle de sport, les repas offerts matin, midi et soir… Donc c’était très cool et je bossais pas mal avec les équipes aux US. Je travaillais à peu près de 9h30 à 19h.
Avant ça, je n’étais jamais vraiment allé à Paris pour y vivre, seulement en mode visite. Au début, j’étais vraiment très enthousiaste parce que je trouvais que la ville était magnifique. L’architecture est superbe, il y a une vraie offre culturelle, je faisais plein d’exposition, j’avais plein d’amis autour de moi… C’était le début de carrière comme beaucoup de gens donc ça, c’était génial. J’ai pris un appartement à 20 minutes à pied de mon boulot. Enfin ça, j’ai réussi à le faire au bout de 3 mois, puisque ça n’était pas facile au départ. Au début, j’étais chez un ami avec 45 minutes de RER matin et soir et là j’avoue que je me suis pris une belle calotte, ça remet les pendules à l’heure.
Au début, c’était plutôt un grand kiff et puis ça s’est dégradé avec le temps. Tu marches vite, tu prends le rythme de tout le monde, tu ne lèves plus la tête pour regarder le ciel bleu et les monuments, tu baisses la tête, face à un trottoir gris et tu traces dans le métro. Tu vas vite, tu as l’impression que les gens n’avancent pas assez vite devant toi, tu es saoulé et, finalement, tu n’as qu’une seule envie, c’est de programmer ton prochain week-end pour te casser pour aller dans des endroits où il y a plus de nature.
Au bout de quelques mois, je me suis dit que ça n’était pas idéal pour moi car je fais du surf, j’adore la rando, être dans la nature. Du coup, Paris m’avait vraiment éloigné de tout ça.
Qu’est-ce qui a déclenché ton envie de quitter Paris pour t’installer à Biarritz ? Y a-t-il eu un moment déterminant, une prise de conscience, ou une évolution progressive ?
Le déclic pour quitter Paris, il a été professionnel. J’ai eu 5 « red flags » professionnels :
- J’avais un rôle de chef de projet alors qu’en fait, j’adore être un artisan, un « doer ». Donc ça ne me convenait pas. J’avais envie de faire, alors que j’orchestrais.
- Le deuxième red flag, c’est que quand je faisais des calls ou des déj avec des personnes qui étaient plus avancées que moi dans la boîte. Je ne me projetais pas, je n’avais pas forcément envie d’avoir leur vie plus tard. Pour moi, c’était un mauvais signe.
- Au bout d’un moment, ça me créait pas mal de pensées négatives quand je pensais au boulot, de l’anxiété, du stress. Je me suis même fait un lumbago. Du coup, je ne trouvais vraiment pas ça normal d’avoir des pensées négatives par rapport à mon travail.
- Il me fallait un réveil pour me lever le matin, alors que je suis plutôt du genre « lefto »lève tôt ». J’avais la flemme de me lever.
- Le cinquième point, c’était que je ne pouvais pas avoir l’équilibre de vie qui me convenait. J’avais des super conditions de travail, mais ce n’était pas ce qui était plus important pour moi. Marcher au bord de la mer, aller surfer, aller faire une rando, c’était ça qui était important à mes yeux.
C’est vraiment l’accumulation de ces 5 red flags qui ont fait que j’ai eu envie de quitter Paris.
Comment avez-vous choisi votre nouvelle ville ?
Je n’ai pas quitté Paris pour Biarritz directement. J’ai quitté Paris pour Nantes et je me suis mis en colocation avec 3 amis qui partageaient le même sentiment de ne pas être à leur place niveau pro. On s’est mis en colocation dans l’idée de nous aider à trouver notre voie. On est allés à Nantes parce que c’était à 1h pour faire du surf en voiture et à 2h de Paris en train pour rester connecté avec des opportunités pro.
On a été 6 mois en colocation ensemble et après Nantes, je suis parti à Biarritz. À Nantes, on passait notre temps à monter dans la voiture pour aller surfer, revenir à Nantes, déposer la planche de surf et monter dans le train direction Paris. Du coup, c’était une zone de transit. C’est à ce moment que j’ai pris conscience qu’il vallait mieux être là où tu as très envie d’être tout le temps, quitte à avoir un peu plus de transport de temps en temps pour bouger.
Pourquoi Biarritz plus qu’une autre ville ? Qu’est-ce qui rend cette région idéale pour vous ?
Biarritz, c’est parce que tout simplement, ça allie le surf et la rando. C’est l’un des rares endroits où tu peux surfer et être à la montagne. Il y a des vues à couper le souffle.
Avec le Covid, il y a une vague de trentenaires qui est arrivée. C’est un endroit où ce n’est pas facile de trouver du travail. Du coup, les nouveaux arrivants sont des gens qui ne sont pas là parce qu’ils ont été mutés, ils sont là parce qu’ils veulent vraiment être là. Je trouve que ça a beaucoup de valeur parce qu’on est entouré de gens qui ont beaucoup de gratitude. Ils kiffent être là et ça met une super atmosphère au quotidien.
Comment s’est déroulée votre installation ?
Je suis arrivé juste après la 1er vague de Covid. Ce n’était pas évident au début pour faire des rencontres, parce que les bars, les restos étaient fermés.
Ça prend du temps de trouver des personnes avec qui tu es vraiment aligné en termes de valeur. Ça fait à peu près 5 ans que je suis installé et ça a bien pris 2-3 ans pour vraiment me faire la bande d’amis que j’ai actuellement.
Mais dans l’ensemble, ça s’est très bien passé. Avec ma copine, on a acheté un appart seulement 4 ou 5 mois après être arrivés car c’était un coup de coeur et on s’est dit qu’on avait envie d’y rester.
Quelles surprises positives avez-vous eues lors de votre installation ?
C’est simplement que la nature est à portée de main. C’est-à-dire que tu as un appart, tu sors, tu marches 400m et tu es face à l’océan avec des couchers de soleil de dingo.
Le fait que ce soit une petite ville, il n’y a pas non plus 36 balades le long de la mer, donc tu peux assez vite recroiser des gens, et faire des rencontres de manière spontanée.
Comment décririez-vous votre rythme de vie aujourd’hui ? En quoi votre quotidien d’aujourd’hui vous comble plus que celui de Paris ?
Mon quotidien aujourd’hui, c’est un bonheur. Je l’ai créé de manière très très très consciente. Pour moi, c’est un des trucs les plus importants le quotidien. Donc aujourd’hui, je fais pratiquement tout à pied, je vais surfer à pied, j’emmène ma fille à pied, donc je marche en moyenne une heure par jour minimum. Je n’ai pas de rendez-vous téléphonique le matin parce que j’ai décidé que je n’en n’aurais pas, je fais 3 à 4 fois du sport minimum par semaine et je m’organise de manière hyper flexible, comme je le souhaite. Donc évidemment que mon quotidien d’aujourd’hui me comble beaucoup plus que celui à Paris !
Qu’est-ce qui vous a aidé dans votre nouvelle ville pour prendre vos repères et vos nouvelles habitudes ?
Ce qui m’a aidé, c’est que j’avais un ami qui était déjà là quand je suis arrivé. Mais par exemple, au début pour se créer des amis, ma femme a pris l’initiative d’aller sur BumbleFriends. C’est comme ça qu’elle a rencontré ses premières copines. Aujourd’hui, ça a créé une super bande. Moi, j’ai fait des rencontres un peu via LinkedIn au niveau pro et j’essaye aussi de convaincre mes amis et ma famille de venir. Parce qu’on est bien ici… et que c’est encore mieux qu’on est encore mieux entouré.
Comment avez-vous trouvé votre logement à Biarritz ?
Trouver un logement à Biarritz, ce n’est pas facile. J’ai commencé par louer un Airbnb pendant un mois, puis j’en ai reloué un autre pendant 4 mois à chaque fois en négociant le tarif. Puis, j’ai acheté un appartement.
Mais clairement, ce n’est pas évident de trouver des appartements à l’année. Heureusement, la loi va dans le bon sens. C’est assez sport, parce que je pense qu’il y a plus de demande que d’offre. J’ai l’impression que c’est quand même moins complexe qu’à Paris, et peut-être un petit peu moins cher.
Pourriez-vous comparer le coût de la vie entre Paris et Biarritz ? Quelle analyse/bilan faites-vous du côté de vos finances personnelles ?
Je pense que Biarritz, c’est beaucoup moins cher pour une raison principale : je ne prévois plus de week-end. C’est-à-dire qu’à Paris, je passais mon temps à prévoir des week-ends, à prendre des billets de train pour aller à droite et à gauche, à payer des hôtels, des Airbnb… pour me casser de Paris en fait.
Et donc j’avais quand même un coût mensuel élevé sur ce point-là. Alors que maintenant, je peux simplement aller faire des trucs autour de Biarritz. Par exemple, on est en septembre et je ne bouge pas avant Noël de Biarritz. Si je n’ai rien de prévu les week-ends, je sais que je vais avoir des trucs cools à faire de manière spontanée. Donc ça, c’est une énorme économie.
Pour les restaurants, franchement, les tarifs ont bien augmenté. À Biarritz, on est facilement sur 18-25€ pour un plat donc c’est quand même pas donné. J’ai l’impression qu’à Paris, vu le large choix de restaurants, tu peux en avoir des plus abordables.
Globalement, j’ai l’impression de moins dépenser ici parce qu’il y a moins de pub, il y a moins de besoins de consommation pour pouvoir profiter. Je pense que je mets beaucoup plus de côté par mois en étant à Biarritz qu’en étant à Paris.
Comment avez-vous géré votre carrière / opportunités professionnelles ?
Pour ma carrière pro, je me suis lancé à mon compte directement en quittant Paris. Je me suis mis d’abord en freelance, puis j’ai créé une boîte avec mon associé Mégane.
Effectivement, il y a un vrai sujet ici, ce n’est pas facile de trouver un boulot local. Soit tu es freelance / entrepreneur, soit tu travailles dans une entreprise qui accepte le télétravail et/ou tu remontes une fois par mois à Paris. C’est souvent ce qui se passe pour Biarritz.
Qu’est-ce qui vous manque de Paris ?
Rien du tout, franchement. Je suis trop bien ici, et c’est un grand kiff. Après je pense que je serais content d’y aller une fois de temps en temps, avec les yeux de touristes que je pouvais avoir avant. Regarder l’architecture en me disant que c’est magnifique, faire quelques visites, prendre une dose de culture… mais quelques jours, pas plus.
Et de quoi êtes-vous le plus soulagé ?
C’est simplement d’être dans une ville à taille humaine, de tout faire à pied, d’avoir la nature au quotidien et d’être apaisé.
Parce qu’il n’y a pas de stimulations sonores et visuelles qui essaient de capter mon attention. Il n’y a pas tout ce monde qui vit à mille à l’heure. Ici, les gens sont souriants, parce qu’ils ont le temps. Et quand on a le temps, je pense que c’est la plus grande richesse.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui hésite à quitter Paris ?
Je lui dirais de tester avant de se barrer. Aller louer des Airbnb plusieurs semaines dans des endroits, essayer, faire des allers-retours… Tester le lieu avant d’y aller.
Quand j’habitais à Paris, je rentrais de vacances et J’étais déprimé d’être lundi matin. Avec Biarritz, c’est la première fois de ma vie que je suis heureux de rentrer de vacances. Ça a été le facteur qui m’a fait dire : « ok j’ai trouvé ma ville ». Je pense que c’est un bon conseil de dire : « Quand tu reviens chez toi après des vacances, est-ce que tu heureux d’y revenir ? ».
Quels sont les pièges à éviter ?
je pense que le piège à éviter absolument, c’est celui que je me suis tapé en allant à Nantes, c’est d’essayer de faire un compromis, de faire un entre-deux. Je pense qu’il faut aller à l’endroit, on a envie d’être vraiment tout le temps et il ne faut pas essayer de se dire je suis là parce que je serai un peu là et un peu là.
Je pense que c’est un peu le classique des gens qui vont à Bordeaux en se disant qu’ils seront près de la mer, j’aimerais bien savoir combien de fois ils sont au bord de la mer dans l’année… Si on veut y aller une fois de temps en temps alors c’est ok mais si on veut y aller pour être au bord de la mer, c’est pas à Bordeaux qu’on est au bord de la mer, c’est dans une ville qui est au bord de la mer.
Un grand merci à Pierre pour son partage !