Quitter Paris sans tout plaquer, c’est le pari qu’a relevé Nassim Merzouk, 36 ans. Après des années de vie bien rythmée entre travail, danse et soirées à Belleville, il a choisi de changer d’horizon. Du Limousin à Marseille, ce jeune papa nous raconte comment il a construit une vie plus apaisée, sans renoncer à l’énergie qui l’anime.
Bonjour Nassim ! Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Salut ! Je m’appelle Nassim, j’ai 36 ans, je suis né dans le 19ᵉ à Paris et j’ai grandi en proche banlieue, à Saint-Maurice dans le Val-de-Marne, près du Bois de Vincennes.
Quel était votre quotidien professionnel, votre style de vie à Paris avant de partir ?
Entre 2017 et 2020, j’ai travaillé dans la formation sur les politiques Diversité et Inclusion en entreprise, en tant que Business Developer. Puis je me suis relancé en freelance pour accompagner des projets d’intérêt général comme des acteurs publics, des associations et des startups à impact.
Mon quotidien, c’était : aller au bureau à vélo, pratiquer le breakdance quelques fois par semaine, puis sortir voir des potes du côté de Belleville et aller en soirée hip-hop/funk. Une vie bien rythmée, entre taf, danse et amis.
Qu’est-ce qui a déclenché votre envie de quitter Paris ?
Cela faisait longtemps que j’avais envie de bouger. Pas nécessairement parce que je ne supportais plus Paris, mais parce que j’avais envie d’autres horizons. J’avais déjà eu plusieurs occasions de partir, en Suisse notamment, mais j’étais toujours resté à cause d’opportunités à Paris.
Puis est venu le COVID. Je venais de quitter ma boîte et de rencontrer ma compagne. Elle avait grandi au Luxembourg et passé ses dernières années à l’étranger, et on avait tous les deux envie d’ailleurs.
En allant voir sa famille dans le Limousin, on s’est dit : « Et si on se trouvait une petite maison à la campagne, avec jardin et potager ? ». On a fini par s’installer à Limoges lorsqu’on a appris la venue d’un enfant, la ville de naissance de ma compagne, pour « tester » et voir comment on se sentirait.
C’était chouette, j’ai rencontré des gens super, mais le rythme et l’ambiance locale restaient un peu limités pour nous. En tant que jeunes parents, on avait envie que ça bouge un peu plus, de pouvoir sortir sans forcément prendre la voiture et d’avoir un environnement qui nous ressemble un peu plus.
Un jour, au resto, ma compagne m’a dit : « Et si on allait à Marseille ? »… et ça a fait tilt.
Pourquoi Limoges, puis Marseille ?
Au départ, on voulait du calme, donc Limoges, c’était parfait. Mais assez vite, on a eu envie d’un cadre plus vivant et plus proche de nos personnalités.
Marseille, c’est une ville que je connais bien : j’y vais depuis de nombreuses années pour voir des amis, danser, ou prendre le bateau pour l’Algérie. J’ai toujours eu un vrai attachement à cette ville, une bonne énergie. Ma compagne connaissait moins, donc elle avait un peu plus d’appréhension, mais au final, c’est ce mélange de nature, de mer, de cultures et sa diversité qui nous a convaincus. C’est une ville qui nous ressemble.
Comment s’est passée votre installation ?
Franchement, on a eu pas mal de chance. Déménager loin, c’est toujours un peu galère : il faut comprendre la ville, faire des allers-retours, visiter plusieurs apparts d’un coup… À Limoges, ça avait été assez simple : peu de tension sur le marché. À Marseille, c’était une autre histoire, beaucoup de « concurrence », surtout avec les gens qui arrivent de Paris avec des salaires élevés.
Heureusement, un ami quittait son appart, et j’ai pu le récupérer pile au bon moment. Sinon, on aurait un peu galéré à faire des visites depuis Limoges. 8h de route en voiture ou train pour y aller ! On avait même essayé une agence pour des visites à distance, mais sans succès.
Quelles bonnes surprises au début ?
Marseille, c’est vraiment cool. On est dans un quartier calme mais proche de la Plaine et du Cours Julien, donc on a le mix parfait entre tranquillité et ambiance.
En tant que jeunes parents, c’est top : le soir, je couche mon fils à 21h et je peux quand même rejoindre les potes pour un verre. Il y a une vraie convivialité ici. Même si certaines infrastructures manquent, on sent une énergie différente de ce qu’on a connu : plus vivante, plus détendue, un accueil assez incroyable en somme !
Qu’est-ce qui vous a aidé à prendre vos repères ?
Déjà, je connaissais bien la ville et j’avais un réseau d’amis et de contacts pros. Mais je suis du genre à aller vers les gens : quand j’arrive quelque part, je vais dans les coworkings, les afterworks, les soirées networking, les conférences… J’aime comprendre « qui fait quoi » sur le territoire. Et à Marseille, c’est facile : les gens parlent, les rencontres se font vite. Je me suis même fait des potes au parc en emmenant mon fils ! C’est ce côté très humain et ouvert sur le monde que j’aime ici.
Comment avez-vous trouvé votre logement ?
Trouver un appart à distance, c’est chaud. Tu ne connais pas toujours les quartiers, tu ne sais pas encore ton mode de vie sur place… À Limoges, on a eu de la chance : un super proprio, très arrangeant, qui nous a fait confiance tout de suite !
À Marseille, c’était plus sportif. Les visites, les dossiers, la concurrence… c’est fatigant. Mais la diversité des quartiers permet de trouver quelque chose qui colle à ton style de vie.
Et côté coût de la vie ?
À Limoges, c’était royal : 900€ pour 90 m². À Marseille, c’est plus variable. Certains quartiers sont abordables, d’autres proches des prix parisiens. Mais globalement, la vie quotidienne est moins chère : les marchés, les commerces, les trajets plus courts. À Paris, tu peux vite passer une heure pour faire trois courses. À Marseille, tout est à 15 minutes. Et niveau sorties, tu trouves de tout : du petit bar à 3 € le verre au resto bobo à 25 € le plat.
Et professionnellement ?
Pour nous deux, c’était plutôt simple. On est indépendants et on bosse à distance, donc on n’avait pas besoin d’un employeur local. Le vrai sujet, c’est la logistique : les déplacements, la fatigue, la garde du petit… Mais j’aime m’ancrer localement. À Limoges, même si j’ai développé un bon réseau, c’était un peu plus lourd. À Marseille, il y a du monde et beaucoup d’événements auxquels j’ai participé. D’ailleurs, pour Limoges et Marseille, j’avais publié des posts qui ont cartonné avec 80 000 impressions chacun, des dizaines de commentaires et des propositions de rencontres. LinkedIn, ça m’a permis de rencontrer plein de gens du coin.
Mon conseil : sors de chez toi, parle aux gens, multiplie les rencontres. C’est comme ça que tu crées ton écosystème !
Qu’est-ce qui vous manque de Paris ?
Peut-être le vélo ! À Paris, je faisais 30 km par jour, c’était mon kiff. Et peut-être aussi la diversité culturelle : les concerts, les soirées, l’effervescence. Mais honnêtement, la vie a changé : je suis devenu papa et Marseille m’offre un autre équilibre. Et il y a quand même une bonne scène ici, même si elle est un tout petit peu moins intense. Et en fait, c’est peut-être mieux comme ça.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui hésite à quitter Paris ?
Teste. Prends le train, va voir des potes, reste quelques jours. Si tu peux télétravailler, fais-le depuis une autre ville. Projette-toi, rencontre des gens sur place, parle avec les habitants. Aujourd’hui, avec les réseaux comme LinkedIn, les forums, les comptes Insta ou les groupes locaux, tu peux te faire une idée précise de la vie ailleurs. Et surtout, mets-toi dans une vraie dynamique de changement : crée ton puzzle (logement, travail, cercle social) avant de partir, même si c’est à distance avec des cafés virtuels.
Quels sont les pièges à éviter ?
Vouloir aller trop vite ! Avec ma compagne, on n’avait pas peur de bouger et de tester, quitte à changer à nouveau. Mais pour d’autres, mieux vaut bien préparer le terrain : se demander ce qu’on cherche vraiment. Est-ce que j’ai besoin de nature ? D’amis ? D’un réseau pro ? Est-ce que je veux pouvoir tout faire à pied, à vélo, en transports en commun ou en voiture ? Être proche de ma famille ? Ces questions-là, il faut se les poser avant, parce que c’est elles qui définissent la vie que tu veux construire.
En résumé : quitte Paris, oui, mais pour aller vers quelque chose qui te correspond réellement. Pas juste pour partir !
Merci à Nassim pour ce témoignage éclairant, inspirant et sincère !

